MORALE ET ETHIQUE |
1/ Définition de la morale : tout ensemble de règles concernant les actions permises et défendues dans une société, qu’elles soient ou non confirmées par le droit.
« Les morales sont des données ». C’est un fait que, pour toutes les consciences majeures de notre civilisation, par exemple, certaines manières d’agir apparaissent comme obligatoires, d’autres comme interdites, d’autres enfin comme indifférentes » Lévy-Bruhl 1903.
2/ Mise en rapport avec l’étymologie : mos, mores : les mœurs
Rapport entre mœurs et morale : mœurs, ce qui est : morale, ce qui doit être.
3/ Mœurs : façon habituelle de se comporter pour un groupe social.
4/ Problème : la morale est-elle imposée par les mœurs ou bien s’impose-t-elle à elles ?
Autrement dit : la morale se déduit-elle des mœurs, en est-elle l’expression idéalisée ?
Ou bien est-elle A PRIORI, c'est-à-dire est-elle indépendante de l’expérience, indépendante des mœurs particulières de chaque groupe social ?
5/ Problème de l’origine de la morale
Si la morale est indépendante des mœurs, elle peut trouver sa source dans la « révélation » divine : rapport de la morale avec la religion. Définition de la religion : religare : « relier » et relégere : « recueillir ». La religion veille à ce que ses fidèles se comportent moralement.
6/ Toute morale est-elle nécessairement religieuse ? Toute morale est-elle nécessairement traditionnelle ? (Pas de religion sans tradition). Si oui, la morale est essentiellement conservatrice.
7/ Faut-il nécessairement croire que Dieu existe pour se comporter moralement ?
Sans Dieu, la morale est-elle encore possible, ou bien « tout est-il permis ? »
C’est la question que se pose Dostoïevski dans « les frères Karamazov » (1880).
8/ Distinction entre moralité et légalité : la loi politique est d’autant plus nécessaire - pour départager le permis et le défendu - qu’on n’est pas certain que les hommes obéissent à une quelconque loi morale.
9/ A la question « toute morale est-elle nécessairement religieuse ? » il faut ajouter celle-ci « une morale laïque est-elle possible ? »
10/ Rousseau : le fondement naturel de la morale : la conscience morale
Rousseau se prononce pour l’universalité de la morale, c'est-à-dire pour une identité, chez tous les hommes, des notions de bien et de mal.
A / Il existe pour Rousseau un « instinct moral », il existe en l’homme une « voix » qui nous dit, qui nous dicte où est le bien où est le mal. Cette « sainte voix de la nature » est dite « plus forte que celle des dieux »
B / La distinction du bien et du mal, autrement dit la morale, est innée, elle est naturelle et non pas culturelle. Elle est à trouver en soi. Le sens inné de la morale, cette « sainte voix de la nature », Rousseau l’appelle la conscience.
C / Rousseau revient ensuite à des objections possibles : l’inné (dans l’esprit) n’existe pas, les notions morales sont celles de notre éducation.
11/ Pour Descartes : « Discours de la méthode » : la morale est « la science ou la doctrine déterminant des règles de conduite »
12/ Pour Pascal : « Pensées » : c’est « l’ensemble des règles de conduite admises inconditionnellement et considérées comme applicables »
13/ G. Deleuze dans son livre « Spinoza, philosophie pratique » sur la différence de l’éthique avec une morale, trace une ligne de démarcation possible entre une MORALE DU DEVOIR et une ÉTHIQUE de la CONNAISSANCE. Cette éthique se distingue d’une morale de la simple obéissance.
14/ Etymologiquement : morale et éthique ont la même origine : MŒURS
Mais l’une est latine (la morale : MORES : MŒURS) et l’autre est grecque (ETHIQUE : ETHOS : MŒURS)
15 / Pour SPINOZA l’éthique est un aspect horizontal : définir des normes de vie à partir de relations avec les autres (exemple bioéthique : normes de déontologie appliquées sur le vivant). La morale a un aspect vertical
16/ L’éthique spinoziste n’entretient pas un simple rapport d’opposition avec la morale, mais un rapport d’inclusion et de dépassement
17 / Il y a un renversement spinoziste du schéma aristotélicien : ce n’est pas parce que chose est jugée bonne que je la désire mais c’est parce que je la désire que je la juge bonne.
18/ L’éthique, c’est pour l’homme de se donner un modèle qui est une représentation de ce que doit être la nature de l’homme, de ce vers quoi nous devons tendre. L’esprit s’adresse à lui-même sous la modalité du devoir être : préceptes auxquels obéit celui qui désire se rapprocher du modèle de la nature humaine.