Trace du café philo du 26 novembre sur L’AMBITION
Merci à Geneviève Bonnet pour ce compte rendu
Le café philo du 26 novembre sur le thème "L'ambition" nous aura- t-il permis de modifier dans notre ressenti le sens de ce mot donné par le Littré?
Ambition : désir effréné, faim d'honneurs, de fortune, de gloire ...
D'emblée, une différence a été faite entre "arrivisme"(soif d'ascension personnelle à n'importe quel prix) qui correspond plus ou moins à la définition ci-dessus, et "l'ambition" qui peut revêtir des aspects positifs.
Pour certains d'entre nous, l'ambition, essence même de notre vie, est porteuse d'une forme d'énergie, et ce, dans des domaines variés.
Elle part souvent d'une insatisfaction du présent et traduit un désir d'évolution, une volonté d'amélioration: aller vers plus de justice, de partage, d'égalité, de fraternité ...
Les ambitions peuvent être collectives, humanistes, de vraies forces réalistes ( Martin L.King, Mandela, Gandhi ...) ; ou individuelles, considérées comme une réalisation de soi- même, sans
être mues par l'argent, la recherche de biens matériels ou de pouvoir personnel.
L'ambition peut être facteur de progrès : ambitions scientifiques au service des êtres humains, de Saint Exupéry à .... Pierre Rabhi ( rabhi signifie vainqueur en arabe).
Elle peut être un moteur utile à la réalisation d'œuvres artistiques.
L'exemple du jeune réalisateur québécois, Xavier Dolan, déjà auteur de plusieurs films à succès, dont "Mommy" primé à Cannes, a été exploré dans le texte d’ouverture à ce café philo (« piste » : s’y reporter). Bien d'autres exemples ...
Une ambition ne peut être jugée sur son contenu. Par exemple, élever des chèvres au néolithique dans le but de se sédentariser , élever des chèvres par désir de retour à la nature, " décroissance" très prisée aujourd'hui, élever des chèvres dans le simple but d'en tirer profit sans souci de qualité, montrent que l'ambition et ses objectifs prennent des formes bien différentes!
Legor Gran (auteur d'origine russe) campe dans son livre "L'ambition", différents profils d'ambitieux, de José à Cécile, en passant par U, une jeune femme du néolithique ! Le résumé de ce livre se trouve sur le net ici :
https://lireaujourlejour.wordpress.com/2013/07/30/lambition-iegor-gran/
Tout un questionnement entre les participants de cette soirée s'est ouvert sur l'ambition et sa relation avec le bonheur, la religion, l'éducation ...
L'ambition suprême serait-elle de trouver le bonheur ? Mais qu'est-ce que le Bonheur? Se contenter de ce que l'on a?
Vivre justement sans ambition ? Ne pas se perdre dans des rêves de richesses et d'honneurs comme la Perrette des Fables de La Fontaine, victime de ses rêves de grandeur?
Ne pas avoir d'ambition signifie-t-il que l'on est résigné, .... donc pas heureux?
Et la religion, dans tout cela ? Une aide pour traverser des moments difficiles, une incitation à la résignation, un moyen de trouver le bonheur ? Comment la culture judéo chrétienne perçoit-elle l'ambition?
Sur l’Éducation, des références ont été faites au philosophe Alain, (faut-il donner au breuvage la douceur du miel ou lui garder son amertume ?). À reprendre à l’occasion et développer ou préciser par ceux qui ont introduit cette référence.
Conclusion PM : en définitive, on le voit, l’ambition reste soluble dans une société démocratique égalitaire car bien des types de réussites peuvent se présenter au projet humain individuel ou collectif. La condition émise par Kant dans son célèbre précepte (voir la piste) garde cependant toute son actualité : à condition de ne pas se servir d’autrui comme moyen pour ses propres fins.
Et nous avons terminé en chantant tous ensemble « le blues du business man » -« j’aurais voulu être un artiste »- grâce et sous la conduite de Bernard !!!
■ En complément, ces quelques idées tirés du livre " L'ambition ou l'épopée de soi " de V. CESPEDES lu par Geneviève
Mais, au fait, comment se fabriquent les ambitieux?
Est-ce la souffrance qui crée l'ambitieux, lui donne des ailes pour se battre, mettre les bouchées doubles ?
D'après le philosophe et essayiste Vincent CESPEDES, auteur de" L'ambition ou l'épopée de soi", ces failles rendent au contraire la personne fragile car traumatisantes. Sa pensée diffère quelque peu de
celle de Boris Cyrulnick pour qui un malheur peut devenir bonheur grâce à la résilience (processus qui permet à un individu de dépasser sa souffrance pour construire du positif).
Pour Cespedes, les ambitieux viennent de ceux qui ont eu, enfant, la chance d'avoir entendu le mot " hélas " prononcé par un adulte aimant qui n'a pu arriver lui-même au bout de ses ambitions.
Il parle donc de" résilience par procuration", une résilience qui sera pour son enfant " une seconde chance dans la vie".
L'interview de LILOU MACE permet de comprendre très facilement les 3 sortes d'ambition développées par ce " hélas":
- le "hélas" de l'adulte, accompagné d'amour donnera l’ambition expressive. Le but de cet ambitieux n'est pas d'être le meilleur à tout prix mais de consacrer toute son énergie à sa passion.
- le " hélas" de l'adulte accompagné d’aigreur, de frustration, de colère donnera naissance à l'ambition démonstratrice. L'ambitieux passera son temps à se regarder dans le miroir et à prouver au monde entier qu'il est le meilleur!
- le "hélas" de l'adulte accompagné de fatalité, de culpabilité, donnera naissance à l'ambition censurante (masochiste) et développera l'ambition de l'échec ( difficulté de relations, drogue, alcool ... tout ce qui mène à l'autodestruction