Les députés de Samos avaient fait un discours à n'en plus finir, Les Spartiates s'écrièrent : "Nous avons oublié le commencement, comment pourrions-nous en comprendre la fin ?"
On demandait à un Spartiate pourquoi il portait une barbe aussi abondante. "Ainsi, fit-il, voyant sa blancheur, je ne ferai rien qui en soit indigne".
Pindare qui avait écrit qu'Athènes était le pilier de la Grèce ; un Spartiate déclara que, portée par un tel soutien, la Grèce risquait fort de s'écrouler.
Quelqu'un avait vu un tableau où les Spartiates étaient vaincus par les Athéniens. "Ce sont des hommes, dit-il, ces Athéniens. - Ils ne le sont qu'en peinture", répliqua un Spartiate.
On vendait des amandes fort dures deux fois plus cher que les autres. "Les pierres seraient-elles rares ? " fit quelqu'un.
Pendant un séjour à Sparte, un étranger qui se tenait longtemps sur un pied, prit à partie un Spartiate. "Je voudrais bien te voir te tenir aussi longtemps que moi sur une jambe. - Moi, non, fit l'autre ; mais il n'y a pas une oie qui ne soit capable d'en faire autant !"
Les Thébains avaient vaincu les Spartiates à Leuctres ; ils arrivaient aux bords de l'Eurotas ; l'un dit avec orgueil : " Où sont les Lacédémoniens ? - Ils sont absents, répondit un prisonnier ; sans quoi vous ne seriez pas là !"
Un homme de mauvaise réputation avait donné un avis judicieux ; on l'adopta, mais pour le proposer on choisit un citoyen irréprochable.
Au temps où la loi permettait aux enfants de voler tout ce qu'ils pouvaient, à condition de ne pas être découverts, ce qui était honteux, des gamins dérobèrent un renardeau vivant que l'un deux fut chargé de garder. Les propriétaires étant venus le chercher, l'enfant cacha le renardeau sous sa tunique. La bête, irritée, lui dévora les flancs jusqu'aux entrailles ; mais il resta calme pour n'être pas découvert. Les gens partis, ses camarades virent son état et le blâmèrent : il valait mieux montrer le renard que le cacher au risque de mourir. "Pas du tout, s'écria-t-il ; il est préférable de mourir dans les souffrances que d'être découvert et, par lâcheté, de survivre dans la honte".
Un jeune Spartiate, pris et vendu par le roi Antigonos, obéissait à son maître en tout ce qu'il ne trouvait pas indigne d'un homme libre. Un jour, on lui ordonna de vider un récipient infâme ; l'enfant refusa, disant : "Je ne suis pas un esclave". L'autre insista ; alors il monta sur le toit de la maison et dit : "Voilà ce que tu as acheté !" Il se précipita en bas et mourut.
On disait à un Lacédémonien vaincu à Olympie : "Ton adversaire a été plus brave que toi. - Point, fit-il ; mais seulement plus adroit lutteur".
PLUTARQUE - Apophtegmes des Lacédémoniens